L’Afrique du Sud abrite de nombreux restes fossilisés d'australopithèques, de paranthropes et de représentants du genre Homo. L’analyse détaillée de la composition de l’émail de leurs dents, grâce notamment à l’utilisation de l’ablation laser, nous en dit plus sur le régime alimentaire de ces homininés. Certains d’entre eux étaient des opportunistes, d’autres des spécialistes.

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    Depuis la fin des années 1930, des fossilesfossiles d'homininéshomininés sont régulièrement découverts en Afrique du Sud. Les australopithèquesaustralopithèques y ont prospéré avant les paranthropesparanthropes et les espècesespèces du genre HomoHomo. Tous ces restes proviennent des mêmes gisementsgisements archéologiques. Une équipe de géochimistes et de biologistes du laboratoire de GéologieGéologie de Lyon (LGLTPE, ENS de Lyon, université Claude-Bernard de Lyon) et du laboratoire d'Anthropologie moléculaire et imagerie de synthèse (Amis, université Toulouse III - Paul Sabatier, université de Strasbourg) vient de réussir à reconstituer les tendances alimentaires de ces trois genres d'homininés

    Pour ce faire, ils se sont intéressés au strontium et au baryum contenus dans l'émailémail dentaire des fossiles de plusieurs de ces individus. Plus la position d'un mammifère est élevée dans la chaîne alimentairechaîne alimentaire, plus les teneurs en ces deux éléments diminuent dans ses tissus biologiques, y compris dans cette partie des dents. L'originalité de l'étude, publiée ce 8 août dans la revue Nature, tient à la façon dont les chercheurs ont utilisé la technique d'ablation laser qui a servi à établir ces mesures. Celle-ci a été mise en œuvre en orientant le faisceau laser le long des prismes de croissance de l'émail dentaire, permettant de reconstituer les changements d'alimentation de chaque individu au cours d'une période de sa vie. Les australopithèques avaient, selon l'étude, une alimentation beaucoup plus variée que les deux autres genres d'homininés. Les paranthropes étaient résolument herbivoresherbivores, comme le laissait déjà penser l'étude de leur anatomieanatomie faciale et dentaire, et les Homo plutôt carnivorescarnivores.

    Troisième molaire supérieure droite d'un <em>Paranthropus robustus, </em>une espèce d'hominidé âgée de 2,2 à 1 million d'années. © José Braga et Didier Descouens

    Troisième molaire supérieure droite d'un Paranthropus robustus, une espèce d'hominidé âgée de 2,2 à 1 million d'années. © José Braga et Didier Descouens

    Le genre Homo était plutôt carnivore

    Les chercheurs ont également mesuré la composition isotopique du strontium contenu dans ces échantillons. Ce paramètre est caractéristique du substratsubstrat géologique sur lequel vivent les animaux. Et là encore, la conclusion est sans appel : tous les homininés étudiés ont vécu dans la même région, non loin des grottes dans lesquelles on les retrouve aujourd'hui fossilisés.

    Des pièces du puzzle écologique se mettent donc en place. Il y a environ 2 millions d'années, les australopithèques, aux comportements « opportunistes » (qui se nourrissaient de ce qu'ils trouvaient : carcasses d'animaux, baies, etc.)) laissent place aux paranthropes et aux Homo, chacun étant plus « spécialiste » que son ancêtre communancêtre commun. En effet, les paranthropes consommaient uniquement des végétaux qui pouvaient être très coriaces (racines, bulbes) tandis que les Homo, probablement aidés par leurs outils lithiques, se nourrissaient principalement de la chasse. Ces deux espèces ont cohabité pendant près d'un million d'années. Les paranthropes ont ensuite disparu pour une raison encore inconnue.

    Ces recherches ont été financées par le CNRS et le ministère des Affaires étrangères.