Pour lutter contre la transmission du coronavirus, le port du masque est aujourd'hui bien accepté par la plupart d'entre nous. Des chercheurs ont étudié les effets d'un masque chirurgical sur le flux d'air inhalé et les quantités d’aérosols chargés de virus près du visage et dans les voies respiratoires.


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    D'innombrables études ont montré l'efficacité des masques dans la lutte contre la transmission du coronavirus. Encore faut-il disposer d'un masque efficace, car dans le cas contraire, il vaut mieux... ne pas en porter du tout, selon une nouvelle étude parue dans Physics of Fluids. Les chercheurs ont modélisé l'effet d'un masque chirurgical sur le flux d'airair inhalé et la déposition des gouttelettes sur le tissu et le visage.

    Lorsque l'on porteporte un masque, l'air pénètre dans la bouche et le nez non pas via un chemin direct, mais se diffuse sur toute la surface du masque à une vitessevitesse plus lente, ce qui favorise la pénétration des gouttelettes dans le système respiratoire.

    Le masque diffuse des gouttelettes de différentes tailles sur toute la surface du visage et ralentit le flux d’air, ce qui favorise l’inhalation des particules. © Jinxiang Xi et al, Physics of Fluids, 2020
    Le masque diffuse des gouttelettes de différentes tailles sur toute la surface du visage et ralentit le flux d’air, ce qui favorise l’inhalation des particules. © Jinxiang Xi et al, Physics of Fluids, 2020

    Un masque défectueux entraîne un risque accru

    Si le masque est suffisamment filtrant (au-delà de 65 %)), cela ne cause pas de problème, mais quand il est usé (le niveau de filtration peut descendre à 25 %), on se contamine ainsi davantage. « Le port d'un masque à faible efficacité de filtration entraîne un risque accru de dépôt d'aérosolsaérosols ambiants et peut donc faire plus de mal que de bien », concluent les auteurs de l'étude.

    Une précédente étude avait déjà démontré que pratiquement tous les masques, à l'exception du N95, induisent une fuite de gouttelettes en suspension et un risque de contamination à une distance de moins de 1,8 mètre. D'ailleurs, même le masque le plus filtrant n’offre pas une protection à 100 % (il peut être humide, mal porté, etc.). Il peut aussi donner un faux sentiment de sécurité et abaisser notre vigilance.

     


    Coronavirus : et si les masques faisaient plus de mal que de bien ?

    Article de Céline DeluzarcheCéline Deluzarche, publié le 6 mai 2020

    Le masque est devenu dans le débat public l'élément central du déconfinement. Plusieurs études attestent de son efficacité contre la transmission du SARS-Cov-2. Pourtant, d'autres scientifiques dénoncent des conclusions biaisées et mettent en gardent contre la fausse sécurité conférée par le port du masque.

    « Si vous êtes en bonne santé, vous ne devez utiliser un masque que si vous vous occupez d'une personne présumée infectée par le Covid-19Covid-19 », indique clairement sur son site l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé (OMS). Autrement dit, le masque n’est pas recommandé pour l’ensemble du public. « Il n'existe aucune preuve que le port d'un masque par des personnes en bonne santé puisse empêcher d'être infecté par des virusvirus respiratoires », insiste l'OMS.

    Une position qu'a longtemps défendue le gouvernement, avant de faire une voltevolte-face à 180° devant les arguments d'autres scientifiques, jusqu'à imposer le port du masque dans les transports obligatoires. Le 22 avril, l’Académie de médecine a appelé tous les Français à porter sans attendre un masque de protection grand public, même artisanal, dès qu'ils sortent de chez eux. « Veiller à ne pas contaminer les autres n'est pas facultatif, c'est une attitude citoyenne qui doit être rendue obligatoire dans l'espace public », a claironné l'Académie. « Le port de masque grand public par les porteurs asymptomatiques, lorsqu'il est bien utilisé et bien porté, réduit fortement la transmission du virus », confirme également le Haut Conseil de la santé publique (HCSP).

    Les études contradictoires s’enchaînent

    À la décharge du gouvernement, il faut dire que les étude contradictoires s'enchaînent. Le 12 avril, une étude sud-coréenne concluait à l’inefficacité des masques, y compris chirurgicaux dans la limitation de la transmission, en raison notamment de la taille des particules virales, capables de traverser les masques. Une nouvelle étude du groupe Delve (Data Evaluation and Learning for Viral Epidemics) de la Royal Society, basée sur de précédentes recherches, affirme de son côté que « l'adoption généralisée de masques faciaux peut aider à contrôler l'épidémieépidémie de Covid-19 en réduisant l'émissionémission de gouttelettes dans l'environnement par les individus asymptomatiques. Cela confirme également les expériences des pays qui ont adopté cette stratégie », indiquent les auteurs -- même si la plupart des masques portés en Asie visent la majorité du temps à se protéger de la pollution.

    Aucune preuve solide de l’efficacité des masques

    « ll n'y a aucune preuve solidesolide que le masque peut réduire la transmission du virus dans la communauté », rejette Ben Killingley, consultant en médecine aiguë et en maladies infectieuses à l'hôpital University College de Londres, interrogé par le Guardian. « Les études sur les masques faciaux n'ont pas été menées pendant une pandémiepandémie ou dans le contexte d'un nouveau virus », met en garde le spécialiste. De plus, les tests sont menés en laboratoire, bien loin des conditions réelles de la vie de tous les jours.

    La gêne occasionnée par le masque conduit les personnes à se toucher plus fréquemment le visage. © Africa Studio, Adobe Stock
    La gêne occasionnée par le masque conduit les personnes à se toucher plus fréquemment le visage. © Africa Studio, Adobe Stock

    Or, selon plusieurs spécialistes, les inconvénients des masques l'emportent largement sur ses bénéfices. « L'utilisation de masques médicaux à grande échelle peut créer un faux sentiment de sécurité, et entraîner la négligence d'autres mesures essentielles, telles que l'hygiène des mains et la distanciation physiquephysique », remarque par exemple l'OMS.

    En second lieu, la gêne occasionnée par le masque conduit les personnes à se toucher plus fréquemment le visage avec leurs mains potentiellement contaminées, ce qui accroît le risque d'attraper le virus. Sans compter les difficultés à respirer au travers de certains masques. De fait, on voit un grand nombre de personnes ayant réclamé des masques à corcor et à cris porter les masques... sur le menton. « Je suis allergique au tissu », plaide par exemple Sophie, caissière à Strasbourg. Dernier soucisouci : le masque doit en principe être lavé après chaque usage, ce qui est loin d'être le cas.

    Le principe de précaution avant les preuves scientifiques ?

    « Avant de mettre en œuvre des interventions publiques impliquant des milliards de personnes, il nous faut des essais contrôlés randomisés au niveau de la population ou au moins des études de suivi par observation avec des groupes de comparaison », conclut Antonio Lazzarino, du département d'épidémiologie et de santé publique de l'University College de Londres. Des précautions que n'a pas attendues le gouvernement pour commander 3 milliards de masques et pour étendre sa distribution aux supermarchés.